Texte "Contenances Débordantes" Octobre 2010

Contenance :
capacité et quantité qu’un récipient peut contenir,
mais également attitude, manière de se tenir.
Débordante :
qui se manifeste avec profusion.



Dessins contenants des airs et des allures, un aplomb dans le maintien, la quantité d’une posture tenue… Des pleins délirants, dépassant les exubérants, ayant des échappements intarissables, expansifs passionnés, exultants submergés, bref des remplis bien vivants.


Les dessins et peintures que je montre à l’occasion de mon exposition annuelle « Contenances Débordantes » ont été produits en 2010, et ont pour source commune la gravure.
8 plaques travaillées et quelques monotypes sont à l’origine de 78 tableaux sur papier ou toiles.

Cette année, je me suis imposée de partir d’un dessin gravé matriciel, pour y superposer un autre.
Je voulais savoir s’il était cohérant de créer un nouvel univers, en faisant abstraction de ma propre production « aboutie ».

- La première étape a été la gravure:
Procédé technique, structuré, réfléchi, qui a besoin de lenteur et d'anticipation avec comme atout très important celui d'être une méthode de reproduction, une fabrique du multiple… elle a été pour moi, spontanée, impulsive et évolutive.
Au commencement, mes plaques naissent d'impacts improvisés, de taches et de tracés aléatoires, qui sont progressivement recadrés.
Il en va de même pour les monotypes qui, imprimés plusieurs fois avec retouches, devient « fantômes » altérés du premier tirage.

Mes impressions, papier ou toile, des gravures ou monotypes ont été faites à différents stades de mon travail sur la plaque. Le multiple est redevenu unique, et la technique "classique" entre dans le domaine des techniques "mixtes".

Pour ces séries, la première étape sera un invisible commun : la fondation du tracé visible.

- La deuxième étape a été de récréer un dessin autonome à partir de ces impressions.
Chaque dessin par la peinture, les encres et l’aquarelle, s’épanouit, devenant déclinaison de la matrice originelle qui affleure à la surface.
Perceptible, l’impression de la plaque fondatrice est devenue un ancêtre emportant le regard au-delà de l'image visible.


Je veux laisser au spectateur la sensation des strates, l’enjeu de retrouver l’origine, le plaisir de jeter son imaginaire à la poursuite des lignes et des personnages, s’inventer le potentiel d’une strate supplémentaire, greffer toutes les images résultant de ce montage pour composer un univers cohérent et permettre aux sensations de tourner dans ces univers étranges.

Un monde tourne autour d'un autre, surenchère de mon imaginaire, mise en abîme de l'image et transcendance de ma représentation visible…